Mon mot à dire

Mon mot à dire

Mon mot à dire du lundi 4 février 2019

Consigne: Choisir deux débuts de phrases au commencement de deux ouvrages connus ou pas, se servir de l'une comme première phrase (incipit) et de l'autre comme dernière phrase (excipit) d'un texte de son invention!

 

Proposition de Jean-Tristan R. à partir de S. Dagerman (Le serpent) et de R. Davies (Le maître des ruses) :

 

« Il faisait une chaleur à griller du café sur les rails ». Le soleil semblait même faire fondre le sable. Les serpents avaient cessé de siffler au-dessus des têtes depuis des heures. Au saloon, une enfant noire accourue là, apeurée après avoir vu l'arbre aux lynchages et senti une odeur de rôti, une certaine Billie qui rêvait de vacances, d'où son surnom de Holiday, et de devenir chanteuse, pour l'heure employée à ramasser et nettoyer les crachoirs, était là. Ecrivant sur un coin de table le début d'une chanson qu'elle pensait intituler « Strange fruit ». Dehors, les cactus avaient diminué leurs tailles de moitié et ne faisaient plus aucune ombre. Les lézards et les salamandres paraissaient rissoler sur place. Au saloon, un gringo appella le garçon et l'houspilla : « Garçon, ces glaçons sont brûlants ! ». A l'extérieur, les lynx sortaient une langue plus longue que leurs corps. Tout le ciel avait du plomb dans l'aile, ou, plus précisément, avait laissé tomber tout son plomb au sol, formant ainsi une sorte de chape, nonobstant le fait que le saturnisme n'existait pas encore ! Au saloon, une cow-girl d'un âge certain était affalée sur un petit fauteuil. Quand elle était moite comme ça, ses amies qui savaient son goût pour le champagne lui disaient : « si t'es moite, hé, chante donc » . Mais ce jour-là elles n'en eurent pas la force. Sur la ville, les vautours ne volaient plus en larges cercles de dix mètres de circonférence, mais en demi-cercles de vingt centimètres de diamètre. Au saloon, une grosse prostituée maigrissait à vue d'oeil en perdant des litres de transpiration lipidique. C'est d'ailleurs à partir de ce jour qu'on la surnomma « l'huile la sueur ». Dehors, les bagnards avaient cessé de chanter tout en taillant les pierres le long des voies du cheval de fer. Cet arrêt de travail d'une partie du personnel qu'aucun syndicat n'avait encadré ne donna même pas le blues à leurs gardiens tant ceux-ci étaient eux-mêmes écrasés par la canicule. En fait, les heures passaient sans que rien ne bouge, nimbées dans un halo orange tremblant et flou. Au saloon, un jeune gars, un proxénéte prénommé Donald, un vrai mac déjà, qui avait commandé un burger aperçut son steack calciner sur le rebord de la fenêtre. En moins d'une minute, il fut servi, non sans s'être demandé : « Aurais-je dû embarquer le dentier ? ».

 

Jean-Tristan

 

Proposition de Françoise à partir des mêmes phrases :

 

« Il faisait une chaleur à griller du café sur les rails » et le jeune homme attendait le train en compagnie de sa vieille tante paralysée et édentée qu’il devait conduire chez sa grand-mère à cinquante kilomètres de là.

La vieille dame, avec ses deux pulls, était trop couverte pour les 30 degrés à l’ombre qu’annonçait le thermomètre et ne cessait de demander à boire. Elle avait déjà absorbé deux litres d’Evian et tout ce qui restait maintenant au jeune homme comme boisson disponible, c’était ses propres canettes de bière. Il n’allait tout de même pas faire boire sa vieille tante, lui à qui elle avait tant de fois reproché son alcoolisme. Et pourtant, il faut hydrater les personnes âgées, l’agence de la santé n’arrête pas de le répéter.

Et voilà maintenant qu’approche le marchand de glaces. Un sorbet au citron, c’est bien tentant ! Il va lui en acheter un : elle pourra le sucer et cela va la désaltérer.

Et c’est alors que s’impose LA question : mais comment va-t-elle mâcher ses aliments ce soir au diner ?? Je n’y avais pas pensé avant « mais n’aurais-je pas dû embarquer le dentier ??? »

 

 



10/02/2019
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