Mon mot à dire du mardi 8 novembre 2016
1 Imaginer la définition des mots suivants.
(Sur le tableau ci-dessous, la « vraie » définition est indiquée en caractères gras après les propositions fantaisistes des uns et des autres).
Palinodie |
Ecriture à deux voix, qualifiée par certains critiques « d’un peu pâlote »
Changement d’opinion ou d’attitude au cours d’un texte ou d’un discours. |
Diataxe |
Taxe quotidienne universelle (autre nom de TVA)
Figure de rhétorique consistant à interrompre le cours d’une phrase en y ajoutant un sens nouveau. |
Zboub |
Bout de zizi (injure enfantine)
Sexe masculin (argot arabe) |
Caroncule |
Renoncule qui rend les mains calleuses.
Excroissance de chair chez le dindon, au niveau de la tête. |
Chiranome |
Métronome chéri des dieux, souvent utilisé pour rythmer les palinodies.
Moustique qui vit dans les flaques d’eau de mer, qui ne pique pas et a des mœurs pédophiles. |
Erismature |
Maturité atteinte par l’homme à l’âge où il perd ses cheveux.
Canard avec un pénis en spirale plus long que lui. |
Eristale |
Talc qui aide à atteindre la maturité en faisant tomber les cheveux.
Grosse mouche. |
Eristique |
Maladie dite « du poil hérissé » qui fait tomber les cheveux.
Art de la dispute et du débat. Argutie spécieuse. |
2 Utiliser les 8 mots ci-dessus comme rimes dans un texte - qui contiendra donc au moins 16 vers au total.
Propostion de Françoise : Dernier débat avant les élections américaines
Il suit le débat à la télévision. Il en a assez de cette palinodie.
Ca lui donne chaud – et soif ! Il appelle sa femme : Hello ! Come Dolly !
You hear ! Donald veut même imposer la diataxe
Une taxe sur la diarrhée ! Cette fois, elle est pleine, la tasse !
Y en a marre de ce cow-boy de malheur ! Zboub !
J’vais le marabouter, faire pleuvoir sur sa touffe !
Ce mec, on dirait un érismature
Avec sa mèche orange - sauf aux endroits où manque la teinture…
Il est trop pitoyable ! D’abord cette caroncule
Qui dépasse de sa casquette, ça le rend vraiment ridicule.
Sur ses joues, la graisse se bouscule.
Voilà que l’autre, l’Hillary, le traite de chiranome.
Mais de quoi ils parlent ? Ce mot n’est compris par personne !
Tous les deux, ils bouillonnent de rage comme des éristales
En furie ! Attention, ça pique dans la salle !
Les spécialistes, de leur côté, soulignent l’éristique
Ou - pour parler plus clairement - la mauvaise foi
De la plupart des arguments des deux protagonistes
Et déplorent l’avenir préfiguré par ce match de mauvais aloi…
3 A la manière de BOZZI dans son livre, cher auteur, imaginer une lettre de refus qui aurait pu être adressée par un éditeur à un auteur célèbre.
Proposition de Paul
Paris le 11 novembre 1913
Le Directeur de la Nouvelle Revue Française
A Monsieur Marcel Proust
Illiers – Combray
Département d’Eure et Loir
Cher Monsieur Proust,
Je viens de lire votre manuscrit intitulé Du côté de chez Swan et permettez-moi de vous faire une première remarque : la description de vos promenades familiales est pour le moins très détaillée et ne manquerait pas d’ennuyer le lecteur, celui-ci fût-il un insomniaque précoce à l’image de votre narrateur qui, d’entrée de jeu, se réveille à peine endormi. Non, vraiment, à notre époque où la photographie rend-compte de l’instant sans qu’on se donne la peine de devoir prendre connaissance des tenants et aboutissants d’une scène, vos longues, très longues, trop longues phrases sont à tout le moins démodées, et certainement déplacées. Un conseil amical et, croyez-le bien, Monsieur Proust, très désintéressé : usez davantage de la ponctuation, notamment du point et du point virgule. Des phrases courtes, jeune homme, vous éviteront sans aucun doute de vous laisser aller dans une introspection dont je sens bien qu’elle vous fait plus de mal que de bien. D’ailleurs, à quoi vous sert-il à votre âge de vous attarder aussi lourdement sur vos souvenirs d’enfance et de jeunesse en laissant croire au lecteur que vous étiez malheureux alors que, par exemple, vous passâtes d’épatantes vacances bien confortablement à Balbec, accompagné de votre charmante grand-mère et d’une gouvernante, et ce, au Grand Hôtel ? (on ne se prive de rien, chez les Proust !)
J’ajoute que, en des temps où, chacun le voit bien, montent les périls et que, peut-être dans moins d’un an, notre pays, le France sera en guerre contre l’Allemagne, il y a bien d’autres sujets à traiter et bien plus palpitants que les calembredaines d’un enfant puis d’un adolescent attardé, angoissé, au bord de la crise de nerfs.
Mais au cas où vous persisteriez dans cette veine, plutôt que d’enfermer votre personnage – narrateur dans des relations surannées avec des adultes désoeuvrés, montrez-le nous au moins dans sa quête de ses premières amours, décrivez-nous ses émois. Bref, Monsieur Marcel (puis-je ?) : des aventures, bon sang. De l’aventure susceptible de passionner le lecteur avide de sensations plutôt que l’exposé de l’aventure de votre si délicate écriture. Les jeunes filles en fleurs à découvrir au soleil ou encore à l’ombre des pommiers : cela ne doit pas manquer l’été sur les plages et dans le bocage normand, alors, allez-y, lancez-vous dans un autre projet. Je vous en sens capable, mais surtout, de grâce, ne perdez plus votre temps, retrouvez-le, ressaisissez-vous quand il est encore temps.
PS : Je relis cette lettre avant de la mettre sous pli et me vient à l’esprit une dernière recommandation : essayez-vous à écrire, selon les conseils ci-dessus, une autre promenade, dans un sens opposé à la première, que vous pourriez intituler Du côté de ou de… (lieu-dit du but de la marche vespérale). Vous auriez peut-être quelque chance d’intéresser alors les lecteurs amateurs de géographie locale et luttant par la marche digestive contre leurs angoisses crépusculaires.
So Long, Mister Proust.
Proposition de Françoise
Cher monsieur Proust,
Nous avons délégué à six collaborateurs spécialisés la lecture de vos 12 manuscrits. A ce jour :
- Un de nos lecteurs n’a pas réussi à faire tenir ensemble les 2000 pages que vous aviez mal agrafées.
- Deux dorment si profondément qu’ils ne parviennent plus à se réveiller le matin.
- Deux sont en congé pour dépression.
- Un a simplement fait remarquer que, le temps perdu étant par définition impossible à rattraper, est-il vraiment nécessaire de partir à sa recherche ?
Dans tous les cas, il me parait difficile de publier votre interminable texte en l’état. Mais si vous pouviez m’en adresser un résumé (sur 50 pages au maximum) je le transmettrai au directeur de notre nouvelle collection phare dans le domaine vie pratique : Soyez réalistes : demandez l'impossible - et obtenez-le en 10 leçons !
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